top of page

On se lève, on se casse et on nous écoute - Épisode 3


La police au chevet de Nathalie

Frappée et menacée de mort par son mari, Nathalie veut porter plainte. Alors l’équipe de l’Usap a fait venir la police à l’hôpital. Récit.


La sonnerie du téléphone de l’unité – un appareil grisbleu imposant – retentit en plein après-midi. Au bout du fil, les urgences gynécologiques de l’hôpital RobertBallanger, à Aulnay-sous-Bois (SeineSaint-Denis) : une femme vient d’être hospitalisée et elle explique subir des violences graves et des menaces de mort. « On va passer dans le service. Elle est dans quelle chambre ? », s’enquiert Fatima Le Griguer-Atig, psychologue et coordinatrice de l’Usap, l’unité spécialisée dans l’accompagnement du psychotraumatisme (lire l'épisode 1, « L’arme des mots contre les coups du confinement »).


Accompagnée de Perrine Delforge, stagiaire à l’Usap, en master 1 de psychologie, ex-secrétaire médicale aux urgences en reconversion, elle se rend dans le bâtiment principal. Après quelques pas dans le froid, un tour en ascenseur, plusieurs dédales de couloirs, les deux femmes arrivent devant l’interphone des urgences gynécologiques. Dans une salle d’examen, Fatima Le Griguer-Atig s’installe pour procéder au premier entretien d’évaluation de la situation de Nathalie, patiente quinquagénaire. La psychologue se présente et pose quelques questions. Ses mots résonnent entre deux silences : « Vous subissez des violences ? »


" Ce matin, il m ’a dit qu’il allait me tuer. "

Nathalie


Le regard triste derrière ses lunettes aux branches épaisses, Nathalie raconte qu’il y a eu beaucoup d’insultes, de violences verbales venant de son mari. Mère de deux enfants nés d’une première union, elle date la dégradation de sa relation à l’achat d’un bien en commun. Fatima Le Griguer-Atig lui demande doucement, en pesant chacun de ses mots, de quelle manière il s’en prend à elle et s’il l’a déjà menacée. « Ce matin, il m’a dit qu’il allait me tuer », souffle Nathalie, en frottant nerveusement ses mains sur sa jupe noire. Un jour, il l’a frappée, jetée par terre. Elle n’en avait parlé à personne avant aujourd’hui. « Comme j’ai dit à l’interne, je saignais depuis quinze jours, je me rappelais même pas que j’avais mis un tampon sur un autre. Je suis en arrêt maladie. Là, je suis épuisée. J’ai voulu lui rendre l’alliance ce matin. Je ne vais pas vivre dans la peur, dans la crainte, risquer la mort. »


Fatima Le Griguer-Atig s’installe pour procéder au premier entretien d’évaluation de la situation de Nathalie. Ses mots résonnent entre deux silences : « Vous subissez des violences ? » — Photo Marion Péhée pour Les Jours.



Texte : Sophie Boutboul

Photo : Marion Péhée

Édité par : Lucile Sourdès-Cadiou

Éditeur Les Jours est édité par la société Les Jours SAS.







Logo Aid'elles
bottom of page