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On se lève, on se casse et on nous écoute - Épisode 2




« Si je rentre chez moi, il va me tuer »

Chaque jour, des femmes victimes de violences conjugales arrivent à l’Usap. À bout, terrorisées, elles y sont accompagnées.


E Elle tombe au sol, son fils d’à peine 2 ans dans ses bras. Son mari vient de la frapper. Donia a peur, une peur immense. Alors, par ce jour froid de janvier, elle décide de franchir avec son petit garçon les portes vitrées des urgences du centre hospitalier intercommunal Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Elle ne veut plus vivre sous le même toit que son mari : il a menacéde la tuer, leur enfant a chuté à terre de son fait.Ce n’est plus possible.


Dans un premier temps, Donia, trentenaire, et son fils ont été pris en charge par des médecins, puis par une assistante sociale et, enfin, par une psychologue venue les voir à leur chevet. Cette psychologue, c’est Fatima Le Griguer-Atig, la coordinatrice de l’Unité spécialisée d’accompagnement du psychotraumatisme (Usap, rattachée au pôle psychiatrie adulte de l’hôpital).

Donia est hospitalisée sous le secret : ni son nom,ni celui de son ls ne sont enregistrés pour les protéger en cas d’intrusions du mari à l’hôpital

Donia bénéficie de l’accompagnement de l’Usap alors qu’elle lance parallèlement des démarches pour se protéger de son mari : dépôt de plainte et demande d’ordonnance de protection auprès du juge aux affaires familiales (JAF). Instaurée en 2010, l’ordonnance de protection doit protéger en urgence la victime de violences conjugales. Le JAF peut interdire à l’auteur des violences d’entrer en contact avec la victime et leurs enfants ; lui interdire de détenir ou de porter une arme ; attribuer la résidence du domicile conjugal à la victime ; permettre à la personne ayant subi les violences de dissimuler sa nouvelle adresse ; se prononcer sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale sur les enfants… Mais il y a un fort taux d’échec d’obtention de ces ordonnances.

À l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois. Fatima Le Griguer-Atig, au centre, s’entretient avec Donia. À droite, Nadiège Valoise, assistante sociale, et sa stagiaire, à gauche — Photo Marion Péhée pour Les Jours.

Donia est hospitalisée sous le secret, c’est- à-dire que ni son nom, ni celui de son fils ne sont inscrits dans leur dossier pour le protéger en cas d’intrusions du mari. Même si elle se sent bien entourée ici, elle craint qu’il ne les retrouve. On frappe à sa porte. L’assistante sociale du pôle mère- enfant – qui fait partie du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital –, Nadiège Valoise, sa stagiaire, et Fatima Le Griguer-Atig entrent. Donia parle français, mais elle est plus à l’aise en arabe. Depuis sa première visite, Fatima Le Griguer-Atig s’adresse à elle dans les deux langues.La psychologue traduitpour l’assistante sociale: « Elle dit qu’elle a peur car elle a fait toutes les démarches et qu’elle ne sait pas ce qui va arriver. » Donia explose en pleurs, épuisée, terrorisée. « Elle a un traumatisme énorme, précise Nadiège Valoise, l’intervenante sociale. L’autre jour, quelqu’un a tapé à la porte du bureau quand on était en entretien et elle a sursauté, terrifiée. Je l’ai raccompagnée dans sa chambrepour la rassurer. »

Il m’a déjà menacée en me disant : “Le jour où tu vas à la police, je te tue.” »

Donia, patiente de l’Usap Lire la suite : https://lesjours.fr/obsessions/usap-paroles-femmes/ep2-donia/


Texte : Sophie Boutboul

Photo : Marion Péhée

Édité par : Lucile Sourdès-Cadiou

Éditeur Les Jours est édité par la société Les Jours SAS.








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